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Nîmes, Ville américaine ? Regards sur la Ville 2013

Après avoir été affublée des décennies du qualificatif de « Rome française », après avoir été rêvée durant les années Bousquet capitale d’une hypothétique « Silicon Valley », après s’être pensée « espagnole » mais n’être finalement capable de produire que des « espagnolades », Nîmes aurait-elle enfin trouvé sa vraie identité, serait-elle à présent devenue une ville américaine ? Cette question apparemment incongrue peut prêter à sourire… et pourtant que de similitudes, que de rapprochements ces 10 dernières années. Multiplication des fast-foods et conséquemment du nombre d’obèses… Lieux commerciaux en perpétuelle expansion aux tailles XXXL, cinés multiplexes aux sièges « king size » munis de porte-gobelets à pop corn énÔrme, malls à perte de vue et qui empruntent directement des noms à consonance anglo-saxonne, tel Family Village ou Memphis Coffee. On assiste depuis quelques années à une pénétration profonde de la culture populaire américaine, à tous les étages et sous ses formes les plus médiatisées : street art, skate board, hip hop… Serait-on colonisé ? Des camarguais qui se prennent pour des cowboys organisent de gigantesques « square dance » ! Des bikers en Harley qui vivent leur passion jusque dans les moindres détails en garrigue au mazet. Des hip-hopers et des skaters à tous les coins de rues, vêtus selon les dernières tendances des modes issues du street-wear… Sans oublier un « Salon USA » aux accents pathétiques où l’on collectionne les stéréotypes et où l’on vénère une Amérique de la « grande époque » aujourd’hui désuète, coincée entre années 50 et mythes western…
Nos photographes s’en sont bien sûr donnés à cœur joie, récoltants les éclats chatoyants de la bannière étoilée aux 4 coins de la ville !
Alors oui, Nîmes est bien une ville américaine, parmi tant d’autres pourrait-on dire… Avec tous les écarts que cela laisse imaginer : des plus riches circulant à bord d’imposants 4x4 aux plus pauvres qui vivent à même la rue, des caïds de la drogue plastronnant aux volants de leur rutilante voiture décapotable aux gamins des quartiers qui se prennent pour Tony Montana, cette ville participe d’un phénomène global dont on ne voit pas comment elle pourrait se détourner.

Patrice Loubon, novembre 2013

Participent au Groupe de Regards sur la Ville: Petra Bénard, Bidie Peignard, Bernard Diaz, Patrice Loubon, Madeleine Sarrouy, Marie-Dominique Guibal, Claude Corbier
Photographie de droite: Madeleine Sarrouy

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